L’homme est un animal comme les autres. Il s’agit d’une prise de statut écrasant les autres espèces du règne animal, prise de statut qui jamais n’aurait eu lieu sans l’existence et l’intervention d’autres espèces. Mais doit-on rendre à César ce qui lui appartient ? On rédige l’histoire des hommes, on dépeint les prouesses de l’évolution, du nomade chasseur cueilleur au roi des buildings. On met à profit les autres espèces, entre coopération et asservissement. Autrefois puissance que l’on prend pour emblème, l’icône animale se meut en pitance insipide. Une vie devenue déterminée à la maturation d’une viande dénaturée. On oublie tout esprit derrière l’emballage inerte et calibré. Produire toujours plus et dégrader sans culpabilité. Mais l’Histoire ne peut être qu’humaine.

Reprenant la majesté des ombres caravagesques, dépeignant les caractères insolites et individuels de chacun des animaux, Capton tire le portraits de vaches, boeufs, ânes, tant d’acteurs de l’Histoire et de l’évolution humaine, relégués au second plan, dont le respect et la reconnaissance semblent être étouffés par la suprématie de l’espèce humaine. Un travail de portraitiste qui appose un nouveau point de focus sur l’identité, la particularité d’un corps appelant un esprit. L’artiste offre une sorte de retour à la contemplation d’une forme harmonieuse, puissante, unique, dépossédée de sa mémoire et de son légitime respect par un tyran qui l’épuise.

Elisa Metois – pour la galerie Andre & Léon.